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ges, interpellé le premier, répond d’une voix assurée ; Moreau, d’un ton si bas que, malgré le grand silence, on ne l’entend pas. Quand les quarante-sept sont identifiés, le président donne la parole au greffier Frémin qui commence la lecture de l’acte d’accusation. Sa voix est faible : on ne distingue qu’un bourdonnement monotone que bien peu de spectateurs écoutent, leur attention étant absorbée par les accusés dont l’attitude surprend. Sauf quelques-uns, ils subissent avec insouciance, presque amusés, l’interminable homélie : le major Russilion s’efforce en vain de garder son sérieux ; Charles d’Hozier a l’air hardi, quelque peu dédaigneux et parfaitement indifférent ; Coster de Saint-Victor, jeune Lorrain de famille riche, chouan résolu depuis 1792, ayant servi sous Charette, sous Puisaye, sous Georges, colonel-chef de division dans l’armée catholique et royale, chevalier de Saint-Louis, séduisant, élégant, très à l’aise, une jumelle de théâtre à la main, lorgne les jolies femmes groupées dans le prétoire. Parfois, « mordant délicatement le revers de ses ongles », il daigne écouter la lecture du greffier et il salue chaque imputation « d’un petit signe de tête affirmatif ou négatif : « cela est vrai ; cela n’est pas vrai. » Il est très regardé, car une légende a couru qui le met en vedette : on dit que, « n’ayant plus de refuge assuré dans Paris, il a reçu, pour une