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en Champagne, ignorait tout, et de la conspiration et du rôle important qu’y tenait son frère. Apprenant à la fois et l’arrestation de celui-ci et celle de tous leurs domestiques, elle revint en hâte à Paris, affolée, méditant un projet d’évasion… Mais qu’entreprendre ? Si elle se montre, elle sera, comme tant d’autres, incarcérée aux Madelonnettes, mise hors d’état de secourir celui qu’elle veut sauver. Elle est sans passeport, presque sans argent ; impossible de se loger en quelque auberge, la police exigeant de tout voyageur des pièces d’identité en règle. À qui demander l’hospitalité ? Tout le monde tremble ; son nom seul est un danger pour qui la recueillerait. Pourtant, une amie courageuse lui ouvre sa porte pour une nuit et l’installe clandestinement dans un logement vacant dont elle dispose. Aussitôt Mme d’Anglade se met en campagne ; elle ira trouver le grand juge, le Premier Consul, s’il le faut ; elle se jettera à leurs pieds… Hélas ! Dès son premier pas dans la rue, elle glisse sur le pavé, tombe et ne peut se relever ; des passants la secourent, l’interrogent avec sollicitude ! « Qui est-elle ? » Elle ne peut répondre ! « Où habite-t-elle ? » Elle doit se taire. « Où la porter ? » Même silence. Les badauds s’attroupent autour d’elle : on la dépose chez la concierge de la maison la plus proche et c’est précisément celle d’où elle sort. Un médecin passe, on l’appelle, il