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contrôler en France. » Dans la nuit, pensant l’émouvoir, en le confrontant avec le cadavre du malheureux inspecteur de police Buffet qu’on vient d’apporter à la Préfecture, Thuriot reproche, assez niaisement, à Georges, d’avoir assassiné un père de famille ; le chouan réplique d’un ton goguenard : « Il fallait me faire arrêter par des célibataires… »

Las de s’escrimer sans avantage contre cet adversaire indomptable, Thuriot quitta la partie à sept heures du matin, mais pour la reprendre, sans plus de succès d’ailleurs, au cours de la journée du 10. Vaincus dans cette lutte orale, Thuriot et Dubois expédièrent Georges à la prison du Temple ; il y fut écroué le 11 et mis au secret. Le rez-de-chaussée de la grande Tour qui, naguère, formait une seule salle voûtée, avait été récemment divisé par des cloisons en quatre cellules d’égales dimensions : la première servait d’antichambre aux trois autres ; Pichegru occupait l’une, celle où l’on plaça Georges était très voisine, et, les portes ouvertes, ils pouvaient s’apercevoir. Dans cette antichambre, qui les séparait, deux gendarmes et un brigadier, jour et nuit en permanence, empêchaient que les prisonniers communiquassent. Si Pichegru était libre de ses mouvements, Georges demeurait solidement lié, les mains chargées de menottes et attachées sur le ventre. Savary, qui commandait la garde du