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homme écrit : « Le Tiers veut nous faire descendre jusqu’à lui ou s’élever jusqu’à nous ; c’est un petit nombre d’avocats ambitieux qui ont conçu ces beaux songes… » Et on raconte que, un jour, comme on parlait d’établir une école navale pour la noblesse pauvre, un membre du Tiers ayant gémi : « Et nos fils ? Qu’auront-ils ? — L’hôpital ! » riposta le marquis de Trémargat ; « mot qui, tombé dans la foule, germa promptement ».

Un jeune homme de vingt-cinq ans, prévôt des étudiants en droit, organise la résistance : il se nomme Jean-Victor Moreau ; sa famille le destinait au barreau, mais, emporté par ses goûts batailleurs, il a déserté l’école pour s’engager. Son père, avocat estimé, l’a forcé de quitter l’armée et de reprendre ses études de droit. Le jeune Moreau obéit bien à contre-cœur, et c’est ainsi qu’on le retrouve à Rennes, au début de 1789, portant à travers les rues un drapeau sur lequel sont inscrits ces mots : vaincre ou mourir, et, menant au combat ses camarades de la Faculté. Il les conduit à l’assaut du couvent des Cordeliers où s’est réfugiée la noblesse ; les gentilshommes ont tiré l’épée, le tocsin sonne, des coups de fusil blessent des gens dans la foule, la mêlée s’engage, se prolonge durant trois heures et se termine par un armistice qu’imposent aux combattants des citoyens aussi sages qu’intrépides. Mais Moreau ne désarme