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France à un autre usurpateur qui ne le vaudrait pas. Et tout l’échafaudage, si laborieusement dressé par le Breton, s’effondrait.

Le malheureux dut vivre ce premier mois de l’année 1804 dans l’angoisse et le désespoir. Querelle, qui avait fait partie du premier débarquement, emprisonné, ainsi qu’on l’a vu, dès le début d’octobre, venait d’être jugé, le 26 janvier, par une commission militaire et condamné à mort. Fou de peur à l’aspect des préparatifs de son exécution, il révéla, pour obtenir sa grâce, tout ce qu’il savait : l’atterrissage à Biville, la présence de Georges et de ses chouans à Paris, les étapes de la route, les lieux d’asile que, sous la conduite des policiers et des gendarmes, il reconnut et désigna l’un après l’autre. En dix jours, sur ses indications, toute cette ligne de correspondance, établie au prix de tant de ruses et de peines, était occupée par la troupe, et Savary, commandant général des gendarmes d’élite, transporté en vingt heures, avec ses soldats, sur la côte, guettait un débarquement éventuel. Or on attendait, pour le 11 février, la descente en France du Comte d’Artois ou de son fils le Duc de Berry. Le Vencejo qui les portait devait être en mer et les Princes, capturés dès leurs premiers pas sur la terre de France, seraient en droit de croire que Georges, parjure et traître à leur cause, vendu à leurs ennemis, les avait attirés dans un piège…