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le maître de pension Monnier ; durant la journée que les conjurés passèrent là, ils firent chercher le meilleur tailleur du bourg, un certain Debeaussaux, auquel ils commandèrent quatre costumes militaires, dragons et chasseurs. Le tailleur prit mesures et promit de faire diligence. Quand, dix jours plus tard, il se présenta pour « essayer », il apprit avec stupeur que « les quatre particuliers étaient déjà à dix lieues d’Aumale » ; Monnier, d’ailleurs, régla la facture, 400 francs, et Georges dut prendre livraison des costumes à son voyage suivant.

Car il reparut sur la ligne, avec Raoul Gaillard, au mois de janvier 1804. Il allait à la côte recevoir le général Pichegru que le Vencejo débarqua dans la nuit du 16 avec Lajolais, l’un de ses anciens officiers, le major suisse Russilion, ami du général, Armand Gaillard, frère de Raoul, Jules de Polignac, le cadet d’Armand et le marquis de Rivière, aide de camp du Comte d’Artois. Georges les attendait à la ferme de La Poterie où tous les conjurés venant d’Angleterre passaient leur première journée sur le sol français. Du perron de la maison, Georges, impatient, apercevant dans l’ombre le groupe des arrivants fourbus, — ils étaient restés quatre jours en mer, — demanda : « Amenez-vous le Prince ? » un non unanime lui répondit. Il ne put retenir un cri de découragement et gémit : « Nous sommes perdus ! »