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Tels furent à Paris les principaux gîtes de Georges, tantôt sous le nom de Larive, tantôt sous celui de Couturier ; mais il disposait d’autres retraites dont, si l’on excepte deux ou trois confidents intimes, tous ses hommes ignoraient le secret. Néanmoins, si prudent à Paris, il n’hésitait pas à entreprendre le voyage de Biville et il arrivait même à être fort connu sur la route : pour tous, c’était le Gros et il paraît difficile de croire que, vu ses formes athlétiques, il eût, ainsi qu’on le dit, la faculté de se grimer au point de se rendre méconnaissable. Le 7 décembre, il quittait Paris pour recevoir à la côte le troisième débarquement qui, entre autres, — six au total, — lui amenait un renfort de valeur : Coster de Saint-Victor, ex-militaire, ex-chouan, brave, chevaleresque, dévoué corps et âme à la cause royaliste, et Armand de Polignac, gentilhomme de l’entourage du Comte d’Artois : il avait trente et un ans, et vivait à Londres, auprès de son prince, tandis que sa jeune femme, une Hollandaise, habitait Paris. C’est sans doute pour faire honneur à cette recrue d’importance, dont la venue présageait celle du prince lui-même, que Georges s’était porté à Biville. Du reste, les nouveaux débarqués s’adaptèrent, sans récriminer, aux nécessités de la situation : ascension de l’estamperche, marches de nuit, soupe de paysans, couchers sur la paille. L’incident notable de ce voyage fut l’arrêt à Aumale, chez