Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

resté à Romsey pour y organiser les départs subséquents. Il insista sur l’indispensable nécessité de former ses Bretons à l’équitation : « Éduquez-les de manière que, dans un mois, ils puissent lutter contre un homme à cheval » ; il recommandait en même temps, car il pensait à tout, d’envoyer en Bretagne quelques hommes pour y répandre le bruit qu’il avait reparu dans le Morbihan et donner ainsi le change aux espions. Le Vencejo appareilla le 19 août, au soir ; la nuit fut très brumeuse ; si bon marin que fût le capitaine Whright, il dériva vers le nord et risqua de s’échouer devant le Tréport. Il vira de bord et reprit le large ; à neuf milles environ, dans la direction sud-ouest, se trouvaient les falaises de Biville, hautes de plus de cent mètres ; là devaient atterrir les conjurés et commençait la ligne de correspondance qu’ils allaient suivre jusqu’à Paris. À la hauteur de Biville, le léger navire fut donc mis en panne et Whright voulut conduire lui-même dans sa chaloupe ses passagers jusqu’au rivage. C’était une étroite grève caillouteuse, murée par la masse escarpée des rochers ; on ne pouvait atteindre leur sommet qu’au moyen de l’estamperche ; les gens du pays désignaient ainsi un long câble, amarré de deux mètres en deux mètres à des poteaux vermoulus dans une entaille de la falaise crayeuse et qui rendait possible l’ascension, en dépit des chocs et des contusions inévitables. Le fils Troche