Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/179

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

zèle et paraît avoir connu tous les secrets ; elle portait à son cou, dans un médaillon protégé par un sachet de satin blanc, « une parcelle de la vraie croix et un fragment du roseau de Notre-Seigneur ». Bien d’autres femmes prêtèrent leur concours aux affiliés de Georges et, peut-être, si l’on savait tout, discernerait-on que le sexe faible figura en majorité dans l’organisation des étapes du long parcours depuis la côte jusqu’à Paris.

C’est là qu’un doigté délicat et une méticuleuse circonspection étaient indispensables ; car le paysan est méfiant, inquisiteur, intéressé et craint de se compromettre. Il faut trouver, non point dans des châteaux, mais dans des chaumières aussi isolées que possible, vingt refuges au moins où les proscrits pourront se reposer en toute quiétude ; prévenir ceux qui consentiront à les héberger, afin qu’ils ne s’étonnent pas des façons bizarres de leurs hôtes, voyageant de nuit et dormant le jour. On doit encore recommander la discrétion sans effaroucher les timidités ; payer la dépense, mais ne pas exagérer l’importance du service rendu, inventer partout des fables différentes qui justifient tant de précautions. Un seul mot indiscret sur ce parcours de plus de soixante lieues, et tout est perdu.

Bouvet de Lozier paraît avoir assumé cette tâche difficultueuse : dès le début de 1803, Mme d’Anglade notait : « Mon frère voyage