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de constructions : menuiserie, maçonnerie, serrurerie, il se chargeait de tout, et d’Hozier, constatant son habileté, lui confia aussitôt l’établissement d’autres cachettes dans des locaux qu’il louait en différents quartiers ; on en pratiqua une chez l’éventailliste Dubuisson, rue Jean-Robert ; celle que Spin construisit dans la boutique d’un tailleur de la rue de Buci, nommé Michelot, était si ingénieusement dissimulée que, depuis l’an XII jusqu’à nos jours, tous les habitants de l’immeuble en ignoraient l’existence : on la découvrit seulement en 1892 quand on répara la maison (numéros 40 et 42 actuels).

Il ne semble pas que Spin ait réclamé l’ombre d’une explication touchant les étonnants travaux qu’on réclamait de lui ; néanmoins, cette affluence de commandes dut lui paraître pour le moins étrange, car, après avoir construit des caches pour les autres, il en pratiqua une pour lui-même dans son logement de la rue de Bondy. Au vrai, il était bel et bien enrôlé dans la conspiration, car il procura complaisamment à Charles d’Hozier, pour le seconder dans ses démarches, la fille de son toiseur, une ouvrière, nommée Michèle Hizay, qui, fanatique royaliste, devint l’agente active des conjurés. Encore une figure bien pittoresque : la fille Hizay avait vingt-sept ans ; petite, laide, malingre, boiteuse, douée d’un aplomb rare, elle quitta ses parents pour être toute à l’aventure, témoigna d’un infatigable