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pour eux auprès de l’ancien ministre Wyndham, réclamant qu’on leur allouât une paie fixe ; car, « dans l’attente de quelque changement, qu’il croyait prochain en France, il désirait que ses officiers eussent les mouvements libres ». Il songeait au « coup essentiel ».

Ces pauvres gens se tenaient fort tranquilles, en dépit des tracasseries et des provocations de la police consulaire qui leur avait dépêché des espions. Bonaparte ne cessait de réclamer l’expulsion de ces « bandits de droit commun, justiciables de ses tribunaux », et cette insistance, en irritant le gouvernement de Londres, résolu à ne point céder, profitait aux chouans de Jersey qui obtinrent une solde individuelle et quelques secours en linge et vêtements ; on leur délivra même un uniforme, « veste rouge à revers jaunes, gilets blancs, pantalons bruns » ; les boutons portaient la devise la Foi et le Roi, ce qui plaisait à ces révoltés, et aussi la couronne d’Angleterre, ce qui leur souriait moins. Enfin, en août, on les embarquait à destination de l’Angleterre ; à Southampton, où ils atterrirent, on leur distribua des passeports sans autre désignation que celle de gentlemen unkwoon (messieurs inconnus) et la petite ville de Romsey leur fut assignée comme résidence. Ils y entrèrent, un soir de l’été de 1802, au nombre de 60 environ, et eurent l’honneur d’y être reçus par un représentant du Roi, du roi Louis XVIII ; les habitants de Romsey