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Régent, les braves qui l’avaient suivi durant tant de rudes campagnes. Pressentait-il que l’heure était venue des défections et des deuils ?

Le 16 janvier, il adressait à Londres un très long rapport, destiné au Comte d’Artois ; il y exposait, sans réticence, la situation lamentable des Bretons ; il réclamait du Prince des décisions « promptes et positives ». — « Nous sommes ici, à chaque minute, exposés au poignard des assassins ; notre devoir, les instructions reçues et l’espérance de voir encore se renouer quelque chose, nous y retiennent. Pas un de nous ne bougera avant d’avoir reçu des ordres ; vous jugez avec quelle impatience nous les attendons. » Dans la crainte qu’une confession si complète, où rien n’était déguisé des misères du parti royaliste, ne tombât entre les mains des bleus, Georges la confia à Mercier-la-Vendée, son autre lui-même, le seul peut-être qui connût toute sa pensée. Mercier quitta le Morbihan sans tarder et se dirigea vers les Côtes-du-Nord où il savait trouver, vers Portrieux, une occasion de s’embarquer. C’était la voie que prenaient ordinairement, pour gagner l’Angleterre, les courriers de Georges. Accompagné de deux de ses officiers d’ordonnance, de son domestique, de Louis Picot, le serviteur grêlé de Georges, et de plusieurs cavaliers, anciens hussards de Choiseul, enrôlés naguère par lui-même, le général Mercier attei-