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à rien. Beaucoup plus tard seulement, on connut quelques circonstances du drame. On sut que, le 23 décembre, les brigands s’étaient embusqués, avant la nuit, dans un petit bois voisin de la ferme de Kerblaye ; Antoine et Laisné, revenant de leur promenade, en compagnie d’un paysan, Jean Mahé, passèrent à quelques pas d’eux. Mahé, entendant du bruit sous les arbres, cria : Qui vive ? Mais les brigands s’enfoncèrent sous les fourrés où ils attendirent pour frapper à la porte du manoir que les deux promeneurs fussent rentrés à Kernavelo. Lorsqu’ils furent en possession de leurs captifs, ils rencontrèrent, devant la ferme du Paty, un homme qui revenait des champs, Jules Houssay, et lui ordonnèrent de leur servir de guide jusqu’à la lande du Bourdoux. Comme il y a plus d’une lieue de Kernavelo au Bourdoux, Jules Houssay, étant en sabots, pria qu’on le laissât changer de chaussures, ce qui lui fut accordé. Il eut ensuite quelque peine à rejoindre les brigands qui, pendant qu’il mettait ses souliers, avaient pris l’avance et allaient vite. Il marcha quelque temps auprès d’eux, et reconnut dans la bande deux chouans fort redoutés, Duchemin et Fardel. Il y avait aussi un militaire « qui paraissait être étranger au pays ».

En approchant du Bourdoux, Houssay vit surgir de l’ombre un homme muni d’une