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naissance de toutes les pièces de nature à éclairer ce drame ténébreux. À la fin de novembre, le voyage d’Antoine et de Laisné est décidé ; voyage scientifique : ils iront étudier dans le Morbihan « des objets très curieux pour des chimistes » ; tel est du moins le prétexte que Laisné donne à ses parents et à ses maîtres, afin de justifier une absence de plusieurs semaines. Le 28, Antoine demande un passeport « pour aller voir l’une de ses parentes en Ille-et-Vilaine ». Laisné en obtient un, le même jour, et fournit comme motif de son déplacement « des affaires de famille qui l’obligent à séjourner quelque temps en Bretagne ». Prétexte assurément : pourquoi le jeune chimiste, né à Paris où habitent tous les siens, ne déclare-t-il pas le véritable mobile de son voyage, s’il croit ne l’entreprendre que pour un but scientifique ? Les deux passeports sont délivrés sans retard et sans difficulté ; ce qui étonne, car, en raison du passé orageux de l’ancien émigré, il semblerait que la police dût s’informer ce qui l’attira au pays de la chouannerie. Pourtant, jusqu’ici, rien ne décèle que les deux voyageurs sont chargés d’une mission ; nul indice de desseins perfides contre Georges Cadoudal ; aucune trace d’une somme versée ou promise. Seulement, « l’œil de la police » va les suivre pendant leur longue route : à peine les passeports délivrés, le ministre avise le