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cier, noble, fortuné, ayant hôtel, train de maison et relations brillantes. Il semble même impossible d’établir s’il fut un homme aux abois ou un conspirateur : un alphabet cryptographique, découvert chez lui, rue Blanche, en l’an II, donnerait cependant à croire qu’il entretenait des correspondances secrètes.

Le voici, à l’automne de 1800, logé rue de Clichy, avec une citoyenne Clotilde Bodart dont il a un enfant, né le 2 juin précédent et qu’il a reconnu. Il s’occupe de chimie ; alors qu’il était détenu au Temple, il a pris goût à cette science et a obtenu de recevoir, à la prison même, les leçons d’un jeune élève-employé à l’École de pharmacie, Ambroise Laisné, fils d’un apothicaire de la place Maubert : c’est un garçon de vingt ans, laborieux, estimé de ses maîtres et très rangé, car il vit chez ses parents. Depuis près d’un an qu’il est en liberté, Antoine a continué à prendre, mais sans assiduité, les leçons de son jeune professeur auquel il s’est attaché et qu’il se propose d’emmener un jour en Bretagne où, dit-il, il possède des propriétés.

Cette navrante histoire a été contée plusieurs fois et de diverses façons : on voudrait n’utiliser ici que des documents indiscutables émanant, soit de la correspondance officielle, soit de témoins dont la véracité ne peut être suspectée ; encore n’assure-t-on pas que l’on a con-