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vassent partout buisson creux ? Il ne se cachait pas et circulait à son habitude. En juillet, il était allé à Londres avec son ami Mercier ; rentré en Bretagne le 21 août, il retournait en Angleterre quinze jours plus tard et y séjournait près de deux mois. Depuis le début de novembre il n’avait pas quitté le Morbihan, fidèle à l’éternelle consigne de « se tenir prêt et d’attendre », la lutte ne devant recommencer qu’au printemps, « lors de la venue du prince tant espéré ». Si, comme le répétaient les généraux et les fonctionnaires de la République, il ne régnait sur ses paysans que par la terreur, comment ne s’en trouva-t-il pas un seul pour le vendre aux mouchards de Fouché ? Il était, au contraire, bien gardé par ses Bretons et, quoiqu’on ait dit qu’il se faisait invisible, sa structure, sa démarche si particulière, sa corpulence anormale le distinguaient tant de ses officiers, que tout travestissement eût été vain. Il n’eût pas consenti, d’ailleurs, à se déguiser : un jour de décembre 1800, deux gendarmes en tournée l’aperçurent, à deux cents pas, sur un beau cheval, et escorté de sept compagnons « tous bien montés, bien armés, et bien vêtus ». Ces cavaliers traversaient la grande route de Nantes à Brest et se dirigeaient vers Mendon. Les gendarmes donnèrent l’alarme ; une colonne, sortie d’Auray, battit la campagne, mais inutilement.