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par devers moi des preuves irréfragables ; si je me suis décidé pour le parti de l’indulgence, c’est parce que ces preuves me sont personnelles ; je ne pourrais les communiquer à personne sans m’exposer à perdre les amis précieux de qui je les tiens. » Était-ce ses agents de Paris, tels que Saint-Régent, qui le renseignaient si sûrement ? Un système de correspondance, parfaitement organisé, lui transmettait de la capitale, en six ou sept jours, les avis importants : ces dépêches lui parvenaient sous le couvert de la veuve Mullard, à Saint-Brieuc, ou de la veuve Champeaux, à Vannes.

Les archives conservent quelques rares pièces qui nous instruisent de la façon dont se racolaient ces émissaires du ministre de la Police. En voici un qui, en décembre 1800, s’offre spontanément. Il semble ne point se douter des dangers que présente la rude aventure : sa lettre est anonyme et rien n’indique quel imprudent fanatique ou quel besogneux aux abois l’a écrite : il l’adresse directement au ministre, se plaint de n’avoir pas été reçu par lui, et expose que, « lié avec l’un des anciens officiers de Georges, retiré loin du Morbihan depuis la pacification », il se fait fort d’obtenir de ce personnage « une recommandation particulière » qui lui permettra d’approcher le chef des brigands et de le livrer. Une seconde lettre non datée et, comme la première, non signée, est