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prosterner devant le héros, les plus empressés furent ceux-là mêmes qui avaient le plus sincèrement souhaité sa défaite et convoité son héritage. Fouché, — qui aurait dû être impitoyablement fusillé, puisque s’étaient réunis chez lui, le 20 juin, les conjurés, alors que les premières nouvelles de la bataille l’annonçaient comme étant un désastre, — Fouché protesta de son dévouement aveugle au Premier Consul triomphant.

Quant à Georges Cadoudal… Celui de ses neveux auquel on doit le récit de sa vie, écrivait : « C’eût été trop exiger que lui demander de se réjouir d’une victoire qui lui ôtait l’espoir de rétablir jamais la monarchie ; la guerre civile a ce triste privilège d’éteindre au fond des cœurs tous les sentiments nationaux… » Georges était « dans un abattement continuel ; il y passa plusieurs jours ». Tandis que, au fond de ses asiles sauvages, l’écho des landes lui apportait le bruit des salves qui, à Vannes et ailleurs, célébraient la victoire de son rival, il ne s’abandonnait pas encore, pourtant. Autour de lui, ses lieutenants, « à la fois fiers et tristes de tant de gloire », poursuivaient en silence leurs préparatifs, dans l’expectative de l’arrivée du prince… Ce fut une simple lettre qui vint d’Angleterre ; datée du 2 juillet, signée de lord Grenville, elle était adressée au général Georges : elle l’avisait que tout était prêt pour