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MATIÈRES EMPLOYÉES PAR LE RELIEUR.

dans les défenses enlevées récemment à l’animal. On ne les trouve jamais dans l’ivoire mort, c’est-à-dire dans les défenses dont les possesseurs sont morts depuis longtemps.

L’ivoire à couleur olivâtre est communément désigné sous le nom d’ivoire vert. Ainsi qu’on vient de le voir, c’est la partie interne des dents qui ont été arrachées depuis peu de temps à l’animal. Au moment où en débitant une de ces dents, on l’amène au jour, il est plus tendre et se travaille plus facilement que les autres parties de la même dent ; mais il durcit peu à peu et, en même temps, il acquiert une blancheur éclatante que l’action de l’air n’altère pas. Ces circonstances le font mettre de côté avec soin, et on le réserve pour les ouvrages de luxe.

Outre l’ivoire vert, il y a aussi un ivoire bleu. Ce dernier se retire de dents d’animaux de la famille de notre Eléphant, dont l’espèce a disparu depuis une époque immémoriale et probablement antérieure à l’apparition de l’homme. Ces dents se rencontrent dans le sein de la terre, où, par un séjour de plusieurs milliers d’années, elles se sont lentement pénétrées de sels métalliques qui leur ont communiqué la coloration qui les caractérise. Elles sont surtout abondantes en Sibérie et dans l’Amérique du Nord.


Les relieurs achètent les plaques d’ivoire dont ils ont besoin, chez des marchands qui les leur fournissent toutes prêtes à être fixées sur les livres. Il n’est donc pas nécessaire que nous leur apprenions comment on travaille cette matière. Mais ce qui pourra leur être utile à connaître, c’est qu’il est possible de débiter une dent, non pas de manière à la dérouler,