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MATIÈRES EMPLOYÉES PAR LE RELIEUR.

teront ainsi des déceptions à peu près certaines et, par suite, des pertes de temps et d’argent inutiles.


À propos de la couleur des peaux, basanes, maroquins, veaux, chagrins, M. Ambroise-Firmin Didot, émettait, il y a une vingtaine d’années, une idée ingénieuse qui a été depuis bien souvent mise en pratique, non-seulement pour les livres d’amateur, mais aussi pour ceux de bibliothèque.

« Depuis quelque temps, écrivait-il, mais pour le cartonnage seulement, on a adopté des ornements se rapportant, par le dessin, au sujet traité dans le livre qu’ils recouvrent. Il est désirable que les relieurs, sortant de leurs habitudes routinières, cherchent désormais à donner à leurs reliures un caractère plus particulier. Ainsi, comme principe général, le choix des couleurs plus ou moins sombres, plus ou moins claires, devrait toujours être approprié à la nature des sujets traités dans les livres. Pourquoi ne éserverait-on pas le rouge pour la guerre et le bleu pour la marine, ainsi que le faisait l’antiquité pour les poèmes d’Homère, dont les rapsodes vêtus en pourpre chantaient l’Iliade et ceux vêtus en bleu chantaient l’Odyssée ? On pourrait aussi consacrer le violet aux œuvres des grands dignitaires de l’Église, le noir à celles des philosophes, le rose aux poésies légères, etc. Ce système offrirait, dans une vaste bibliothèque, l’avantage d’aider les recherches en frappant les yeux tout d’abord. On pourrait aussi désirer que certains ornements indiquassent sur le dos si tel ouvrage sur l’Égypte, par exemple, concerne l’époque pharaonique, arabe, française ou turque ; qu’il en fût de même pour la Grèce antique, la Grèce