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DORURE ET GAUFRURE.

de la lame, et enfin en agitant légèrement son outil comme s’il sciait.

Notons, en passant, qu’avant de prendre l’or, on applique sur chaque endroit apprêté, et bien sec, une couche imperceptible d’huile de noix avec l’éponge, ou un pinceau à palette large et doux, ou un pinceau ordinaire selon les emplacements où l’on doit le poser. Très-souvent, on doit se servir de suif, que l’on étend sur un morceau de drap, et qui remplace l’huile avec d’autant plus d’avantage, qu’il tache beaucoup moins. On passe avec le bout du doigt le drap, ainsi apprêté, sur toutes les places où cela est nécessaire. Il est même préférable pour le doreur, de prendre des livres ainsi couchés, plutôt que s’ils étaient préparés avec l’huile, puisqu’il doit comprendre que le cuir est moins imbibé avec le suif qu’avec l’huile.

Après cette préparation, soit avec la carte dédoublée ou le morceau de papier pâte, soit avec le bilboquet, on prend l’or et on le transporte immédiatement, sans hésitation, sans trembler et avec assurance, sur l’endroit que l’on a préparé. Il faut poser l’or juste à la place où il doit rester, car il happe tout de suite, et si l’on voulait le tirer pour le pousser d’un côté ou de l’autre, on le déchirerait et la dorure serait mauvaise.

Avant de prendre l’or, soit avec la carte, soit avec tout autre instrument, on avait soin autrefois de passer légèrement la carte ou l’instrument sur le front à la naissance des cheveux, afin qu’il s’y chargeat d’une humeur onctueuse dont la peau est toujours un peu humectée dans cette partie, ce qui y faisait attacher un peu la feuille d’or. Cette pratique est inutile. Les ouvriers d’aujourd’hui sont même