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DORURE ET GAUFRURE.

qu’ordinairement il préfère, gratte bien la tranche, l’enduit plusieurs fois de jus d’oignon, laisse sécher, frotte avec des rognures douces, retire le livre de la presse et le lie fortement entre deux planchettes de même grandeur que le volume, et de telle sorte que la tranche soit à découvert du côté de la gouttière. En cet état, on y dessine à la mine de plomb un sujet quelconque, puis on le peint avec des couleurs liquides, afin qu’il n’y ait pas d’épaisseur. Les encres de couleur, excepté la gomme-gutte, conviennent pour cet usage.

7. Tranches ciselées.

Les tranches ciselées font aussi partie des travaux de l’art du doreur. Par tranche ciselée, on entend une tranche qui a été dorée, et par-dessus l’or de laquelle on a imprimé ou peint un dessin ou un objet analogue à la matière traitée dans l’ouvrage. Parfois aussi ce sont des arabesques qui s’harmonisent avec le style de la couverture. Le dessin, le sujet ou les arabesques sont découpés en patrons dans des papiers épais taillés exactement de la grandeur de la tranche, et après que cette tranche dorée a été polie, on les imprime en couleur. Si le dessin est peint ou est une vignette, le relieur confie ce travail à un artiste. Toutes ces bizarreries n’ont rien de commun avec l’art de la reliure.

8. Tranches caméléon.

On connaît aussi, sous le nom de tranche caméléon ou tranche grecque, un mode d’ornementation d’ailleurs peu usité, qui consiste, après que le livre a été rogné et couvert, à l’ouvrir, en rabattant le dos de manière que toutes les feuilles qui forment la tranche se dépassent l’une l’autre, et constituent