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— Y a du neuf, dit Grigol.

— Quoi ?

— Y a que p’t-être ben t’à l’heure, si le cœur t’en dit, on se fichera quelques tapées. Affaire de rire un peu. J’t’en veux point, tu n’m’en veux point. Mais faut bien s’amuser.

Grigol prit un temps de repos et continua mystérieusement :

— Motus ! Les garçons d’chez nous, y vont comme qui dirait nettoyer leur affaire avec les garçons d’chez vous. Y faut que j’leur dise un mot pour leur dire. Boute après.

Le Crollé roulait des yeux étonnés ; c’était un gaillard lent et paisible, à encolure de bœuf. Sur les instances de Grigol, il finit par appeler les fermiers.

— Hé ! nos maîtres !

Des bottes cognèrent les dalles du vestibule. Hubert Hayot apparut.

Grigol s’avança, fit jouer sa casquette sur sa tête, et dit :

— C’est les fils à Hulotte qui m’envoient. Y seront deux. Warnant et Mathieu. Y demandent que vous veniez deux, pareillement. Y seront à la messe de dix heures. Après la messe y seront à l’estaminet, en face de l’église, jusqu’à midi. Si vous n’étiez point venus, y s’ront à vous attendre chez Labusette, au Pot d’or, jusqu’à deux heures. Après quoi, si vous n’étiez point venus, y s’ront à la sortie des vêpres. Après quoi, si vous n’étiez point venus, y s’ront à la sortie sur la grand’route à jouer au bouchon jusqu’à six heures. Après quoi y-z-iront vous chercher partout dans l’village, pour vous arracher les oreilles. Et si vous amenez le Crollé, moi j’m’amène. On sera six.

Il se balançait, scandant les mots de hochements de tête, et quand il eut dit, s’arrêta, attendant la réponse.