Page:Lemonnier - Un mâle, Kistemaeckers, 6e éd.djvu/178

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Hulotte déboucha une dernière bouteille, tandis que Hayot tirait d’un portefeuille graisseux six billets de banque et les alignait sur la table. Le reste du compte s’acheva en pièces de cinq francs et en menue monnaie. Hayot comptait à voix haute, lentement. Le fermier donna un reçu.

Alors Hayot se laissa aller à sa joie d’avoir gagné vingt-cinq francs sur le prix de la vache. Il invita Hulotte, ses garçons, sa demoiselle à venir dîner à la ferme le dimanche suivant.

— Tous, faut venir tous ! répétait-il.

Hulotte ne promettait pas, mais un de ses fils et Germaine iraient certainement.

Hayot eut une grimace plaisante :

— Mam’zelle Germaine verra mes garçons, dit-il. On n’sais pas ce qu’y s’diront. Mais apparemment y n’s’mangeront pas.

Il se tassa dans sa carriole, fouetta son cheval et alla rejoindre sur la chaussée le Cron, qui avait pris les devants avec la vache.

Germaine suivit quelque temps la voiture des yeux, pensant à cette partie qui allait mettre un peu d’imprévu dans la monotonie de sa vie.


Séparateur