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XVIII



Ils se revirent.

Le mystère des rendez-vous ajoutait à la douceur d’être l’un près de l’autre. Ils s’attendaient dans les bois, au profond des fourrés, ayant des cachettes, comme des coupables. Et ils jouissaient délicieusement de s’aimer autrement que les autres, à la faveur de l’ombre et du silence. L’heure aussi avait des charmes pour eux. Ils évitaient la pleine clarté, le passage au plein midi qui aurait pu les trahir. Ils étaient bien plus seuls, au tomber du jour. La complicité du soir alors les défendait ; ils se sentaient protégés par la barrière épaisse des bois noirs.

Elle avait inventé des prétextes pour se faire libre souvent ; la fille du fermier des Oseraies, Célina, était une cause habituelle de sorties. Elle s’était prise pour cette Célina d’une grande ferveur d’amitié à laquelle ni Hulotte ni ses fils ne trouvaient à redire. Cela leur semblait naturel que les deux filles fussent amies, ayant toujours été bonnes camarades, avec cette familiarité que le voisi-