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étant posé dessus, en dérangeait un peu la symétrie.

De l’autre côté de la chambre, Riekje et Dolf se tenaient les mains enlacées ; leurs visages l’un près de l’autre, ils s’étaient un peu écartés pour mieux se regarder sans être vus. Et quand ils faisaient un mouvement, la clarté des chandelles frappait le menton rasé de Dolf, la bouche pourprée de Riekje, leurs nuques ou leurs oreilles percées d’anneaux, comme le soleil allume sous les vagues le ventre des poissons. Sur les planches luisaient les chaudrons, les marmites et les pots, et dans les coins, l’ombre avait la douceur du velours.

— Qu’avez-vous, Riekje ? s’écria Dolf tout à coup, vos joues deviennent blanches comme les assiettes qui sont dans l’armoire et vos yeux se ferment. Ma Riekje, qu’avez-vous !

— Ah ! Dolf, répondit Riekje. Si c’était pour aujourd’hui ! J’ai souffert tout l’après-midi et voici que le mal augmente. Mon enfant ! mon enfant ! Si je meurs, aimez-le, Dolf, mon cher homme.

— Mère ! mère ! s’écria Dolf, le cœur me tourne.

Puis, il se couvrit la figure de ses larges mains et se mit à sangloter dedans, sans savoir pourquoi.

— Allons, Dolf, du courage, dit Tobias en lui frappant sur l’épaule. Nous avons tous passé par là !

— Riekje, la Riekje de mon cœur, disait de son côté la bonne Nelle en pleurant, il ne pouvait nous arriver un plus grand bonheur le jour de la Saint-Nicolas. Les pauvres gens sont plus joyeux d’un enfant qui leur vient que de tous les trésors de la terre, mais l’enfant est surtout bienvenu quand le ciel nous l’envoie le jour de Pâques ou le jour de la Saint-Nicolas.

— Dolf, dit Tobias, vous avez de meilleures jambes que moi. Il faudra courir jusque chez madame Puzzel ; nous veillerons sur Riekje.