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Ma tante descendait avec la lampe, suivie de Castor et de Poussette, déposait la lumière sur la dernière marche de l’escalier, ouvrait elle-même la porte de la rue. Et la clarté, se répandant au dehors, rougissait la neige ou faisait scintiller le verglas.

Ma bonne tante tendait alors les deux mains et disait : « à mercredi » ; elle secouait très fort les doigts de madame Spring et de madame Peulleke et touchait légèrement la main que lui présentait madame Dubois.

Puis les trois amies remontaient la rue jusqu’au réverbère qui est au bout. Je voyais la mince silhouette de madame Dubois se détacher raide et droite sur la neige, pendant que madame Spring, repliée sur elle-même, tapait ses socques à terre pour ne pas glisser et que madame Peulleke, les bras ouverts, essayait de se tenir en équilibre sur ses talons, s’arrêtant à chaque pas et criant :

— Je sens que je vais tomber. Ouf ! Je m’arrête ici. Non, je ne fais plus un pas. Quand je serai à terre, il sera trop tard, je suppose.

Et de loin elles entendaient ma tante qui appelait Castor.

— Castor ! Castor ! Ah ! le petit polisson ! Rentrez, Castor !

Puis la porte se refermait et ma tante Michel se mettait à lire ses romans jusqu’à minuit.


V


Un matin, c’était la veille du jour de l’an, ma tante trouva sur le palier, devant sa porte, une enveloppe à