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mante doublée de petit-gris une pelisse en singe, avec un boa blanc par dessus, et ses mains s’enfonçaient jusqu’aux coudes dans un énorme manchon roux qu’elle tenait sous son nez, en courant à petits pas, la tête couverte d’une capeline de laine bleue ouatée, par dessus un serre-tête en tricot.

Quand elle entrait dans la chambre, on voyait perler à chaque poil de ses fourrures un peu de neige ou de pluie, et ses anglaises pendaient d’un air piteux, sous de petits scintillements d’eau. Des lueurs roses et vertes tremblotaient, en outre, au fond des grosses gouttes rondes qui coulaient le long de ses fossettes.

Pièce à pièce madame Betsy Peulleke enlevait sa capeline, son boa et sa pelisse, s’égratignant aux agrafes, s’accrochant aux épingles, faisant des nœuds dans les cordons et disant avec des soupirs d’impatience :

— Où est mon minou ? Stéphane, est-ce que vous ne voyez pas mon minou sur mon dos ! Ah ! je l’ai. Non, c’est le cordon de ma capeline. Je suis bien sûre qu’il y a une de mes épingles à cheveux dans la capeline. Aïe ! j’en étais sûre. Et ma pelisse ? Je n’en sortirai jamais. Stéphane, voulez-vous me passer les ciseaux pour couper les cordons ?

— Est-il permis de se fagoter comme vous le faites, Sisy, s’écriait ma tante en cherchant à défaire les nœuds. Vous avez embrouillé tous les cordons ; il n’y a plus moyen de se reconnaître. — Sac à papier ! laissez donc vos mains en paix. Ah ! voilà un premier nœud qui est défait. — Mais ne tirez donc pas, Sisy : comment voulez-vous que je défasse vos nœuds, si vous tirez ?

Cela durait dix grosses minutes, après lesquelles madame Peulleke, débarrassée enfin, se jetait tout émue dans les bras de ma tante en disant :

— Merci, ma chère, ma bonne, ma toute bonne Thé-