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porte de la maison Cappelle et Cie s’ouvre aussi et une joyeuse lumière se répand au dehors : des hommes et des femmes, chaudement vêtus, serrent la main au maître de la maison, et une petite voix, celle qui a chanté, leur jette le bonsoir ; puis la compagnie se sépare en riant, la porte se referme et les fenêtres où brillait l’éclat des lampes, une à une s’obscurcissent. Ah ! M. Cappelle a voulu fêter le réveillon et il a bien fait les choses : on a bu du thé, du vin chaud et du punch ; la table est encore remplie de beaux pâtés et de belles tartes dans lesquels le couteau a taillé de grandes brèches. Mina déshabille Leentje et la couche dans des draps chauds, après l’avoir embrassée ; et au moment de s’endormir, Leentje tourne la tête du côté de son arbre de Noël, qu’elle a fait monter dans la chambre, avec la poupée, les étuis, les boîtes à ouvrages et les cornets de dragées. Alors la lumière qui danse au haut de la maison sur le rideau de Leentje, comme une étoile dans le brouillard, s’éteint à son tour, et l’obscurité enveloppe le doux sommeil de la fille de M. Cappelle.


IV


Ah ! qu’ils sont gais, les petits flocons de neige, lorsque, pareils à des papillons d’hiver bondissant sur le tremplin de la bise, ils montent, descendent, montent encore et qu’un enfant passe à travers la fenêtre entr’ouverte, sa main dodue pour les saisir ! Qu’ils sont gais pour tout autre que le pauvre Francesco, dans cette nuit glacée de Noël ! De grosses larmes roulent au bord de ses yeux, tandis qu’il souffle son haleine sur le bout