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mais il s’interrompait à tout moment pour renifler, car son nez coulait, et il se remettait à crier avec une telle force que sa voix semblait devoir se briser. Et tantôt l’un, tantôt l’autre disait : « Plus fort », pendant que celui qui avait le nez à la serrure tapait de petits coups du bout de son sabot contre la porte : alors ils se mettaient à crier tous les trois comme des diables. Et leur chanson était à l’unisson ; mais l’un avait déjà fini quand l’autre commençait, et le dernier courait toujours après le premier, sans pouvoir l’atteindre. La petite chandelle tremblante éclairait leurs nez rouges et faisait danser leur ombre derrière eux jusqu’au bout de la rue : et eux-mêmes dansaient à la dernière note de la chanson, en sautant et en retombant sur le plat de leurs sabots, sans rire. Et voici ce que disait leur chanson :

— Noël ! ils sont venus, les petits — Les petits et les plus petits encore — Dire bonjour à l’âne du Seigneur — De Notre Seigneur Jésus-Christ. — Il y a du foin et des navets cuits — Des carottes et du pain bénit. — Mangez les gens, les bêtes aussi, — Koekebakken et pain cuit. — Noël ! Noël ! Amen !

— Noël ! baas ! dirent les rois. — Du foin pour nos trois chevaux, — Mais pour nous des koekebakken — Lesquels nos dents couperont. — S’il en reste un tout petit morceau, — Mettez de côté pour les cochons. — Mangez, les gens, les bêtes aussi, — Koekebakken et pain cuit. — Noël ! Noël ! Amen !

— Pour chandelle une petite étoile — Montre là où dort Notre Seigneur — Dans son maillot cousu de fil blanc. — Sur la paille qui est dans la crèche, — Il