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neige, et l’odeur du café sort de la noire maison. Sans doute le meunier, sa femme et la jolie Monique sont assis autour de la table dans la cuisine, près du feu, et ils prennent ensemble leur repas du matin.

Et tout à coup Donat entend une voix : tip ! tip ! piou ! tandis que les poules se mettent à courir à cet appel, les ailes ouvertes et le col allongé et qu’une main jette du grain en rond sous le hangar où sont remisées les charrettes.

— Monique ! crie Donat.

La jeune fille allonge alors la tête du fond du hangar et Donat aperçoit son joli visage rose, brillant d’une belle fleur de santé, avec ses yeux bruns perlés d’une lueur humide, son petit nez relevé par le bout comme une nèfle et le pli gras de ses joues, quand elle rit en montrant ses dents blanches comme les fèves.

Et Monique rit, en effet, envoyant Donat qui lui envoie un baiser du bout des doigts, derrière la haie ; elle rit, bien que ses yeux soient un peu rouges et qu’elle ait pleuré le matin, car la Sainte-Catherine fait pleurer parfois les jeunes filles.

Puis elle continue à jeter le grain à ses poules, et les unes lui volent sur l’épaule, les autres sur les bras, quelques-unes cherchent à s’accrocher à son tablier, en battant des ailes ; mais elle tourne à tout instant la tête du côté de Donat et lui dit bonjour, en riant. Ses cheveux blonds, que poudrent des flocons de neige, tombent sur son front en frisures que le vent secoue, et la paille qui pend par les fentes du grenier s’entrelace à son chignon, comme des rubans d’or.

— Hé ! Monique ! dit Donat en l’appelant du doigt.

Monique fait signe que non en balançant la tête sur ses épaules ; et cependant, bien qu’elle ait dit non, Donat la voit trousser sa jupe et accourir vers lui,