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XI


Le jour de l’an, vers neuf heures du matin, M. Muller entendit des pas qui montaient l’escalier, et il dit à Jean :

— Je suis bien sûr que voilà Lamy et sa femme qui viennent te souhaiter la bonne année.

Comme il achevait ces mots, on frappa à la porte, et il alla ouvrir. C’étaient en effet M. et madame Lamy en habits de dimanche, tenant l’un et l’autre un paquet dans la main ; et ils entrèrent après avoir eu soin de secouer leurs pieds sur le paillasson, car il avait beaucoup neigé la nuit et les rues étaient toutes blanches.

— Jean, dit aussitôt M. Lamy, je vous souhaite une bonne année et tout ce qui pourra vous être agréable.

— Entrez, madame Lamy, disait M. Muller à la bonne femme qui s’attardait sur le paillasson.

— Ah ! monsieur Muller, c’est qu’il y a une boue dans les rues !

Et elle dit à son tour à Jean :

— Jean, une bonne année ! Je vous apporte des oranges, mon garçon, et un pigeon que vous mangerez en buvant un doigt de vin, car monsieur le docteur m’a permis de vous faire à dîner aujourd’hui.

Alors madame Lamy tira de son cabas une bouteille de vin de Bordeaux et six oranges, et elle mit sur la table un papier blanc dans lequel se trouvait un petit pigeon gras et blanc, joliment troussé.