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habitants de Bazeilles. Et les Prussiens poussèrent des cris terribles.

Tandis que partout dans Bazeilles, des haies, des toits et des souterrains, sortait un peu de fumée blanche et que toutes les vieilles carabines, arrachées du clou, pétardaient, les Prussiens allumèrent de la paille et la jetèrent dans les maisons. Une heure après, une énorme nuée noire tourbillonnait au-dessus de l’héroïque village, et Bazeilles flambait par tous les bouts.

On tirait toujours.

Ceux qui fuyaient chargeaient en fuyant et se retournaient dans la plaine pour faire le coup de feu. Les Prussiens, au nombre d’un bon mille, en ayant dix fois autant derrière eux, entrèrent alors dans les maisons et les pillèrent ; puis ils se mirent à battre à coups de plat de sabre les gens qu’ils rencontraient, presque toujours des femmes et des vieillards, et enfin les enfermèrent dans les caves, en sorte que les maisons, en croulant, les écrasaient.

Or, le premier coup de feu était parti de la maison du maréchal-ferrant, et c’était la fille