Page:Lemonnier - L'Hallali, sd.pdf/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
l’hallali

Et voilà, ceci est peut-être le premier avertissement avant le coup de pioche final. Le pis, c’est que tu es trop stupide, vieux loup, pour en profiter, toi et les tiens. Ah oui, du vieux bois ! comme disait l’autre, et mettre le tout à l’encan pour en faire d’argent avant que tout ne saute !

Barbe à tout hasard se signa, soupirant si fort qu’il vint, avec le soupir, un morceau de pomme de terre.

— Nous préserve le Seigneur d’un tel malheur, Monsieur ! dit-elle. Que deviendraient les enfants ? Ah bon Dieu ! ce serait-y point pitié !

— Corbleu ! Ils seraient riches, ma bru.

— Mieux vaut porter pauvrement avec fierté son nom ! déclara Sybille.

Jaja, tout en fourrageant dans ses crins pâles, interrogeait Michel :

— Quoi qu’y a dit, grand-pè ? Sûrement s’agit d’un loup.

Lui tremblait de tous ses membres.

— C’est pas tant, du loup que de l’aut’ chose qu’on ne sait pas, Jaja.

Sa sensibilité était excessive ; il avait des pressentiments ; il s’hallucinait de bruits et d’apparitions. Quand l’ombre des hauts nuages entrait par les fenêtres, il criait qu’il y avait quelqu’un qui marchait avec des pas de velours dans la chambre. Un jour, l’Ensevelisseuse ayant