Page:Lemonnier - L'Hallali, sd.pdf/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
l’hallali

— Là ! là ! grand-pè ! disait-elle toujours en dilatant les yeux et s’effrayant elle-même à son cri.

— Qu’est-ce qu’elle a ? Qu’est-ce qu’elle veut dire ? s’écria dame Barbe.

Jean-Norbert s’irrita, la tira par les cheveux, l’injuriant entre ses dents. Mais comme si le nom évoqué eût éveillé une correspondance de faits, la porte subitement s’ouvrait et l’aïeul, descendu sur ses bas, un instant se tenait immobile à les dévisager, sa haute taille en travers du couloir. Barbe eut un hoquet d’effroi, Jean-Norbert se leva d’une pièce ; Jaja de son rire de chèvre s’écriait :

— J’l’avais ben dit que grand-pè était derrière la porte !

Le visage du Vieux se fendit d’une grimace sardonique.

— Ah çà ! vous avez tout l’air de me flairer sous le nez comme si j’étais déjà mort. Soyez tranquilles, je suis toujours en vie et j’ai faim, d’une faim de Quevauquant, ce qui n’est pas peu dire. Hé ! Jaja, va-t’en voir si l’Ensevelisseuse a mis la nappe, en attendant qu’elle en fasse des draps pour les suaires.

— Les draps sont là qui attendent, dit Sybille, montrant l’armoire.

— Bon ! Bon ! dit-il en chaussant ses socques