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IV


Levé à l’aube, le Vieux faisait sa baignade dans l’ancien étang aux carpes, en partie envasé et qui joignait les cent arpents de marais rachetés par Lechat, puis, son fusil à l’épaule, partait battre le bois et la noue. Sa longue silhouette à larges enjambées arpentait les labours, s’enfonçait dans les taillis, ou, un instant immobile dans les roseaux, ressemblait à un héron perché à bout de pattes et guettant le frétillement de l’anguille.

Le baron Gaspar, louvetier et grand veneur au temps des cerfs et des loups, était devenu un simple abatteur de proies. Lapins, écureuils, ramiers, poules d’eau, tout lui était bon, à défaut de plus noble gibier, du moment qu’il pouvait épauler et envoyer ses chevrotines à quelque poil ou plume bougeant à ras du sol ou volant dans la hauteur. Il y avait trois ans qu’il avait perdu Clabaud II, fils du vieux Clabaud Ier, le roi