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l’hallali

L’homme et Jumasse l’ayant retourné, prirent le baron par la tête et les pieds. Monsieur vint d’une pièce, rigide, droit comme une planche ; et à petites fois, fléchis sous le poids, ils le haussèrent jusqu’au tombereau. Puis, Jumasse, avec son mort, s’en retourna au château, les pieds dépassant, très grands.

Jean-Norbert, de derrière les vitres, vit arriver le convoi, froid, les yeux vides ; Guilleminette tapotait dans les mains de Barbe couchée sur le lit, les nerfs chavirés. Sybille entra, regarda son père, et, sortant brusquement, s’en alla au-devant du tombereau. Alors seulement le paysan quitta la fenêtre, descendit le perron et, sa casquette à la main, commença de marcher près des roues, sans un mot.

L’homme, ayant grimpé dans le véhicule, doucement poussa le baron vers Jumasse : tous deux soufflaient, suant, ayant peine à manier ce grand cadavre qui, par delà la mort, continuait à peser du même poids qu’il avait pesé durant la vie. Un chemineau qui passait ayant été requis, on déposa le baron sur un lit de paille, au pied de l’escalier où il resta seul, les yeux grands ouverts et semblant regarder les ancêtres dans leurs cadres.

Une heure après, arrivèrent le garde-cham-