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— Ça serait que ça m’étonnerait ben, répondait-il. Y s’tient coi sur le sexe, ce capon-là, comme un curé. Mais là-dessus comme sur le reste, faut laisser pisser le mouton.

C’était chez lui le dicton qui résumait toute sa science de la vie. Au fond, il estimait qu’il n’en pourrait retourner que du bien pour leur commerce, le jour où il les faudrait marier ensemble. Il laissait donc toute liberté à son gas, lui épargnant les corvées, en sorte que le jeune étalon ruait et pétaradait à son aise, se donnant carrière avec cette petite femelle sèche comme une bique et qui avait de l’amour dans le corps.

Chez les Quevauquant, il y avait bien Guilleminette qui aurait pu divulguer ce qui se contait à la veillée des petites bordes. Mais la futée commère étant apparentée, à la mode des campagnes, avec le marchand de bois et flairant pour elle-même une aubaine, jugeait prudent d’attendre que, de l’un ou de l’autre côté, on requît son ministère. Elle qui aidait les morts à trépasser, connaissait aussi l’art de mettre au monde les vivants, quand les secours d’une infaillible drogue ne semblait pas préférable.

D’ailleurs, elle était pleine de pitié pour cette simplette de Jaja qui, tout l’été, lui avait mené paître sa vache et qu’on martyrisait au château, quand il eût paru si naturel de la laisser jouer,