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dessinait deux cornes. Il était sombre et agité. Elle ne put lui arracher un mot. Ce fut Jumasse qui lui apprit ce qui s’était passé. Son maître, voyant sur les toits l’homme qui arrachait les plombs, avait eu les sangs tournés. Le rebouteur était venu qui avait recommandé la diète complète.

Sybille voulut dire une parole et ne trouva rien, farouche, les lèvres serrées, sans tendresse pour ce père qui était si peu de son sang. Lui, ennuyé qu’elle fût là, se retourna, le visage vers le mur. Ils entendirent le roulement de la voiture dans la cour : elle le quitta. Barbe, informée par Jumasse, eut une crise, s’écriant que c’en était fini à jamais de son repos, que certainement son pauvre homme ne se remettrait plus, qu’on eût à lui garder auprès de lui sa place au cimetière. Elle dépensa là tant d’attendrissement que quand elle fut près de lui, tout son élan tomba et elle lui disait tranquillement :

— Eh bien, mon bon homme, qu’est-ce qu’ils t’ont fait, voyons ? Pour sûr, c’est quelque chose encore une fois qui l’aura tourné d’sus l’estomac. Je le disais encore tout à l’heure à ce bon m’sieu Lechat que c’est par là que tu t’en iras.

Jean-Norbert alors mâchonnait dans ses draps.

— C’est le Vieux, que je te dis.

Et il retomba dans son mutisme.