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rond, avait peine à proportionner les siennes. Tous deux semblaient continuer une conversation.

— Enfin, disait Lechat, c’est comme monsieur le baron en décidera. Ce que je lui en dis, c’est pour lui être agréable.

— Naturellement. Tu m’avancerais donc une trentaine de billets de mille qui m’aideraient à retaper le vieux nid des Quevauquant ! Tu estimes qu’un Quevauquant déchoit à vivre dans de la démolition. Tu oublies seulement que je suis, moi, le dernier de ces Quevauquant et que je tiens à le rester. Vois-tu, mon petit Firmin, avant cent ans il n’y aura plus de nobles : alors à quoi bon s’obstiner à conserver des briques où plus tard se logeront des usines ? Moi, j’suis de mon temps, si singulier que cela te paraisse. Je tordrais le cou à tous vos fameux sans-culottes, mais je n’aurais pas plus de scrupule à le tordre à ceux de mes pairs qui s’imaginent pouvoir arrêter le cours des choses. Au fond, je n’ai de considération que pour les chenapans qui, comme toi, se sont engraissés aux dépens de leurs maîtres. Ça, par exemple, c’est être de son temps plus encore que moi-même. Tu te fais avec tes sentiments, ta reconnaissance, ta fausse humilité, etc., etc., du cent pour cent : c’est un taux enviable. Mais me prends-tu pour un imbécile,