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l’hallali

Et il avançait la main ; mais le paysan leva la sienne.

— T’es un bâtard, que je te dis, toi et les aut’.

— Possible, dit Gérômet, mais si tant est que tu l’es pas toi-même, y a que nous sommes riches et gras et que toi, mordienne, t’as pas le sou et t’es maigre comme un clou.

Devant l’injure, il voulut parler, bégueta, s’étranglant dans ses mots.

— Où c’est-y vot’ titre, hon ? Moi, j’ai des papiers comme quoi j’ai un vrai baron pour mon père. Mais toi, Gérômet, et toi, Grupet, et toi, Gédéon, et vous tertous, c’est-y que vous en avez un seulement d’père.

Gédéon lui mit la main sur l’épaule.

— Hé là ! T’es bâtard comme nous. Et si ça ne te va pas, j’te montrerai que mon sang vaut mieux que le tien.

Monsieur tout à coup s’avançait, goguenard et se piétait entre eux.

— Et moi ? Voyons, qu’est-ce que vous faites de moi dans tout ça ?

Gédéon se recula.

— Pardon, excuses, m’sieu le baron. Sûrement c’est vous qui êtes le maître ed’savoir ce qu’y en est. Mais qu’y n’fasse pas le fier, rapport