Page:Lemonnier - L'Hallali, sd.pdf/229

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
l’hallali

dans un visage gras, lisse et glabre. Il la perçut près de lui moussante dans un vertige léger et ne soupçonna pas l’orgueil froid dont une telle âme se fût défendue dans une apparente défaillance.

Une avenue de jeunes arbres émergea ; les sabots des cobs s’émoussèrent dans des couches rougeâtres de terre briquaillée. On dépassa une barrière et puis, au bout d’un chemin, entre des massifs verts, la maison apparut avec son perron sous l’auvent, son toit à girouette dorée, les verrières des fenêtres, son air plaisant de ferme et de chalet. Lechat eut un coup d’œil satisfait. Qui sait ? Peut-être un jour, dans un cartouche haut de six pieds, il ferait sculpter au haut de la maison les chevaux rués des Quevauquant.

Des abois furieux partirent de derrière les communs. Il vint un valet en gilet rayé qui se porta à la tête des chevaux pendant que la femme de Jean-Norbert, enfin soulagée, se dégonflant d’un grand soupir, s’extrayait des capitons. Sybille avait sauté et tapotait les garrots satinés de moiteur, en sportswoman contente d’un bon travail. Lechat donna des ordres ; elle remarqua qu’il tutoyait le domestique, un garçon à l’air mal dégrossi et qui, la bouche ouverte, roulait les yeux en la regardant.

— Mais non, monsieur Lechat, ce n’est pas la