Page:Lemonnier - L'Hallali, sd.pdf/216

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

si piteuse mine que Sybille, intervenant soudain, violemment déclara que s’il fallait que quelqu’un sortît, c’était à lui à tourner les talons.

Au grand étonnement de Barbe qui s’attendait à voir la maison leur tomber sur les épaules, M. de Quevauquant se mit à rire aux éclats en tapant ses mains l’une dans l’autre.

— Au moins, toi, tu as de qui tenir, satanée femelle, s’écria-t-il. Le sang et le feu te sortent par les naseaux, comme à cette grande cavale qu’était ta bisaïeule. Mais il y a ici quelqu’un qui a la tête encore plus dure que la tienne et celle-là, on la cognerait contre la pierre des tombes, ce seraient les tombes qui voleraient en éclats.

Cette rodomontade lâchée, il quitta la maison et ne reparut plus de toute la semaine. Sybille eût été d’avis de raser le château plutôt que de tenter une réconciliation. Mais le baron, ayant envoyé dire par le messager qu’il consentait à réintégrer le logis, à condition que son fils vînt lui faire amende honorable, Jean-Norbert partit pour le village et publiquement, en grande humilité, lui demanda pardon. Il rentra en roulant son chapelet entre ses doigts et priant à bouche scellée, d’une foi sombre. La grande main violente encore une fois pesa. Le Vieux put tout à l’aise faire ses folies : Jean-Norbert ne disait