Page:Lemonnier - L'Hallali, sd.pdf/211

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
l’hallali

pas avec mon père à charger des ramons. C’est amusant.

— Et où c’est-y le bois où que tu vas ?

— Là-bas, par au delà la maison, au bois du petit bon Dieu qu’on l’appelle. Y a l’école, y a la ferme à Robuard, y a la pâture, y a le village, alors, t’es chez moi, puis par après le village, y a le bois ! Des fois, j’tue un lapin ou je grimpe aux nids prendre des petits qu’on met cuire sur un feu de ramons. C’est bon. Faut venir.

— Pour sûr qu’on ira, hein, Michel ?

Il avait tiré de sa poche un tome recroquevillé : on voyait remuer ses lèvres dans l’effort de la compréhension. Pierre haussa les épaules et Jaja disait tout bas :

— Michel sait lire dans les livres.

Il sembla n’avoir rien entendu.

Ils demeurèrent comme cela un assez long temps, puis le grand ciel s’abaissa encore, une buée violette monta des marais, et comme ils avaient faim, ils se séparèrent.