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Faune, le Coup de la jarretière, la Pudeur de Sodome, Messaline, la Dame au Carcel, la Cantinière des pilotes, la Dame au cochon (Pornocratès), les dix vernis mous des Diaboliques et les cinq des Sataniques. La Muse de Rops qu’il fait pour le catalogue de Ramiro et qui servira de frontispice au numéro de La Plume consacré à son œuvre, la belle muse plastique au visage sensuel sous son large chapeau à plumes, avec la grasse chair de péché de son corps nu détaché en valeur sur un manteau moelleux, la jambe haut jarretée d’une bouffette, va devenir comme la musagète de la théorie.

Ce numéro de La Plume (1896), généreux, nourri, et qui le montre aux différents âges de son génie, fut une contribution éclatante à sa gloire. On put l’y suivre comme à travers un raccourci de son immense production. Il y apparut l’homme des grandes lithos de la période des Trappistes, de la Peine de Mort, des Diables froids, de l’Ordre règne à Varsovie, de la Vieille garde, le dessinateur de la Buveuse d’absinthe et d’Innocence, le frontispicier de l’Initiation sentimentale, du Vice suprême, des Épaves, des Baisers morts, le peintre de la Vieille Anversoise, de la Messaline, de la Toilette, de la Femme au canapé, de la Tentation, de la Femme au cochon. Il y apparaît surtout le casuiste de la démonialité passionnelle, le créateur d’une apocalypse de la bête, et par surcroît un prodigieux ensorcelé d’art.

Un peu de son extrême notoriété finale lui vint des jugements qui firent de la livraison une sorte de manuel ropsique. Huysmans, sous le titre : l’Œuvre érotique de Rops, y écrivit une étude coruscante et médullaire. Pradelle y parla du Rops naturiste et féministe, « entré bravement dans la fournaise, les cycles étourdissants de l’Enfer, là où l’Inquisition de la Bête allume ses fourneaux, attise le feu grégeois de la concupiscence et fait hurler d’amour les Sainte Thérèse de la chair ». Péladan osa dire : « Devant le nu, Rops, comme Michel-Ange, est chaste. » Et ailleurs : « Il a restauré la grande figure de Satan… » Eugène Demolder, en un portrait vivant de l’homme, répétait son