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« Voilà !

« J’ai rencontré à Syracuse — pas l’ancienne ! la New Syracusa ! — le dernier des indiens lowas. Il est prêtre swedenborgien de la New-Jerusalem, porte un complet du Bon Marché et un pince-nez bleu ! Un bison mal peint sur la joue gauche. Il « fait évêque » à Savatoga et est amoureux de Sarah Bernhardt.

« Ce bison mal peint me suggéra l’idée d’appliquer au tatouage les formules de l’École impressionniste.

« J’avais trouvé ma voie !

« Je me suis converti au swedenborgisme et sa Grandeur, dans un moment d’épanchement, m’a autorisé à orner le nombril de Sa dame des portraits de François Coppée et du général Boulanger, ses grands hommes préférés. C’est fait ! en trois couleurs (red, blue and yellow).

« Mme l’évêque compte aller à l’exposition de Paris en 1889). Cette prélate manquant tout à fait de tenue. — l’Académie sera f…ue et déshonorée.

« Voilà, mon cher W… ce que c’est de voyager trop jeune et les désagréments qui s’ensuivent.

« Je faisais des frontispices, je fais des culispices (mettons des culispipis… pour dames !)

« Bien des amitiés à tous nos amis de la Jeune Belgique.

« N’empêche pas que je vais vous envoyer pour elle un joli tatouage,

  « FÉLICIEN ROPS,
« Tatouinger de S. G. l’évêque (New Jérusalem)
de Chatanoga City. »

Le caprice funambulesque de cette épître reparaît dans celle qu’il envoie, lors de son second voyage, au bon Frantz (Taelemans). Il l’écrit d’ « un coin perdu de l’Amérique, sur les grands lacs du Nord », sous le