Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/241

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vantaient leur force ou amorçaient des trafics.

Un bouchon de soufreux champagne sauta. Il y eut des cris ; le forestier, piété sur ses ergots, célébra l’honneur du mari, la candeur de l’épouse. Et, tout à coup, le vieux Roland, la parole en bouillie, fut pris d’un retour de paternelle ferveur :

— Rends-la heureuse, au moins, car moi, j’y perds le meilleur cœur ed’fille qu’ait jamais battu.

Maugranbroux alors, reconquis à son sang-froid d’homme d’affaires et supputant la somme baillée pour l’acquit de la petite, eut un haut-le-corps, regimba :

— T’y perds ! M’est avis, au contraire, que tu fais là un fier marché !

Mais Roland protestait :

— J’te dis que tu l’as pour rien ! Si m’avait fallu tant seulement compter tout ce qu’alle m’a coûté de soins et de peines à en faire une demoiselle, c’serait des cent et des cent que t’aurais à me débourser.

Angeline sentit dans sa nuque le cha-