Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/235

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Une petite honte ensuite les avait tenus muets l’un devant l’autre quand, l’an suivant, en conduisant la gamine aux sœurs de Notre-Dame, le fermier fit une courte apparition dans le ménage Dujacquier. Puis les années de pension les avaient séparés ; ils ne s’étaient plus revus que de rares fois ; et quand, après la cérémonie à l’église, tout le monde avait embrassé la mariée, il s’était approché timide, un peu rougissant, avançant vers le désirable fruit de cette jeune bouche rose ses lèvres gauchement souriantes sous leur blond duvet frisé. Il conservait en son visage très doux, sous la langueur de ses yeux couleur noisette, obombrés de longs cils châtains, quelque chose de l’air petite fille qui, aux écoles, lui avait valu l’amitié trop cajoleuse des précoces mâles barbus.

Dans la principale pièce, – une grande chambre tapissée de papier à palmes bleues, une glace sur le trumeau de la cheminée, en un angle un lourd bahut dont le chêne lui sarnait sous les vernis, – les mariés et