Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/196

Cette page a été validée par deux contributeurs.

joie du triomphe. C’était, en effet, une grosse partie que jouait l’Église ; il s’agissait de confondre, par une vaste piété publique, les menées des libéraux dont l’arrogance menaçait d’entraîner les populations. Mais le succès dépassait les espérances : l’une après l’autre les maisons se vidaient dans ce fleuve humain coulant sur le pavé ; devant l’importance de la manifestation, les indécis eux-mêmes étaient reconquis à un reste de ferveur. Et les cabarets à leur tour ayant suivi l’élan général, on vit s’intercaler parmi les visages sévères des vrais croyants, un nombre toujours croissant de faces goguenardes, venues là comme à une partie de plaisir.

Au moment où la queue de la colonne s’engageait dans le tournant du sentier, toute une bande sortit du café de la Jeunesse, un endroit mal vu des mères de famille, qu’une grosse femme, deux fois veuve déjà, n’avait pas su rendre honorable. Fripiat, une pratique, un grand diable aux trois quarts mangé par la noce et les filles, qui, sans