Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/194

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rangs ; mais un respect pour la noblesse qui s’y étalait les retint ensuite ; et ils se poussèrent parmi les gens d’une condition moins considérable. Justement Poret, toujours gaillard, était là, avec d’autres fermiers ; il ne croyait pas non plus à l’efficacité des dévotions à Notre-Dame de Lourdes ; seulement Bourdaille l’avait prié de ne pas manquer. Au fond, si ça ne faisait pas de bien, ça ne pouvait pas faire de mal. Et par taquinerie, sans méchanceté, il demanda à Ladrière si définitivement le baptême aurait lieu.

— Ça sera pour dans neuf mois ! riposta le meunier, en poussant le coude de Michotte. Pas vrai, cousin ?

— Dans neuf mois, oui.

Leurs voix se perdirent dans le bourdonnement des cantiques.

Chaque année, avant le pèlerinage, le curé et Maigret se partageaient le village ; ils allaient de porte en porte, réchauffant le zèle pour la Vierge miraculeuse ; mais depuis les élections, celui-ci était moins